La rentrée? Quelle rentrée ? Le monde devient-il fou ?

04/09/2020

En ce matin du 4 septembre 2020, la rentrée ? Quelle rentrée?

En ce matin du 4 septembre 2020,

La rentrée ? Quelle rentrée ?


Le monde devient-il fou ?
Avons-nous perdu tant de bon sens ? N’est-ce plus la chose la mieux partagée comme écrivait Descartes ? Avons-nous oublié tous jugements de valeurs, toutes mesures de nos vie en ce bas monde ?

A tous les étages de notre société, la dérégulation semble la norme, les postures de quelques vagues idées tiennent lieu d’idées et de style de vie. L’indignation permanente, mais la fausse indignation insignifiante, semble de mise.

Les faux combats, menés par par de faux dévots, inondent nos écrans. Le futile le dispute à l’inutile et nous en oublions l’essentiel.

Quel essentiel ?

L’actualité est toujours dominé par la pandémie et quelques menus affaires sociétales.
Les indicateurs de progression de la pandémie dans les médias officiels entretiennent la peur et empêchent de réfléchir avec raison, avec bon sens. On nomme les clusters qui s’ouvrent mais pas ceux qui se referment. On compte les nouveaux cas, mais on ne signale pas que de nombreux hôpitaux ferment un à un les lits de réanimation des services covid. On déchaine les passions contre le professeur Raoult, on publie des rapports accablant l’hydroxychloroquine, mais on n’écrit pas une ligne, ou si peu, sur le redemsivir et ses effets secondaires bien plus dangereux…
Je pourrai continuer la liste sur des pages entières.

Il ne s’agit pas ici de donner une leçon, de formuler un « il n’y a qu’à... »

Il y a cependant des priorités.

La première, essentielle, celle qu’Eluard écrivait sur les cahiers d’écoliers, le sable, la neige, les souvenirs d’enfance, c’est la liberté, elle est menacée. Tiens, c’est en 1942, qu’il écrit ce magnifique poème, au coeur de la tourmente, dans la clandestinité. - lien poésie -

La liberté est une notion, une idée, un quelque chose d’impalpable, de difficile à cerner, une valeur immatérielle.
C’est bien souvent, lorsque nous la perdons, que nous la définissons mieux, que nous la conceptualisons.

Je relis Rue de la Liberté d’Edmond Michelet, ce résistant français, chrétien, déporté à Dachau pendant 21 mois. Je m’efface devant la parole de Pierre-Henri Simon, intellectuel et écrivain français du XX siècle,

« La « rue de la liberté » est, par dérision, l'allée centrale du camp de Dachau, où E. M. fut détenu près de vingt et un mois, du 15 septembre 1943 au 27 mai 1945. Proclamant, après tant d'autres, « tristement la vie triste », E. M. assure : « Ni sains, ni saufs. Décourageante formule et vraie ... une certaine candeur nous est à tout jamais interdite ». Il écrit un livre attachant dont on n'oublie aisément ni le ton, ni le témoignage, ni, finalement, la sérénité." (Revue française de science politique, 1961) […] Edmond Michelet brosse la fresque de ses souvenirs de prison et de camp en retraçant le cadre dans lequel il les a vécus, en faisant revivre toutes les phases de l'existence du concentrationnaire, mais en insistant surtout sur les personnalités rencontrées, croyantes ou incroyantes, qui ont su préserver en elles « l'humain » et le respecter chez les autres. II trace ainsi d'émouvants portraits de disparus : le jeune juif agnostique qui récitait du Claudel, le jeune poète, chef incontesté du petit groupe de Dachau que Michelet appelle « les intellectuels délirants », ou tous ces « gens bien élevés » aujourd'hui entrés dans la légende de la Résistance, le général Delestraint, Jacques Renouvin, l'instituteur Georges Lapierre. II évoque tous ces « gens bien élevés », les incroyants, les prêtres, ceux qui restaient des hommes, ceux qui, communistes, athées, aidèrent les catholiques fervents à professer leur foi à Dachau, ceux qui, étrangers ou même Allemands antinazis, pleuraient de joie à la libération de Paris. […] Un des aspects importants de la Rue de la Liberté, c'est l'évocation dans le camp des brassages de races, de nationalités, de religions, d'appartenances politiques, d'horizons philosophiques et, primant le tout, la multiplicité des circonstances qui avaient conduit les déportés au camp...[…] il démonte la curieuse machine politique qui avait fini par s'organiser, l'équilibre des pouvoirs dans une cité d'esclaves hantés par la mort et qui, pourtant, ne cessaient de regarder vers la vie. Une galerie de beaux portraits psychologiques alterne avec des scènes dramatiques et de larges fresques, comme l'épidémie de typhus de l'hiver 44-45 et la pagaille ubuesque d'une libération de fantômes. [...] Et il n'était pas possible de faire ressortir plus honnêtement l'ambiguïté d'une aventure où l'homme a révélé les pires côtés de sa nature dans la cruauté des bourreaux et dans la déchéance des faibles, mais aussi ses virtualités héroïques et son irrépressible spiritualité, dans la vertu de ceux qui ont préservé au fond de cet abîme la puissance de leur volonté, les élans de la charité et la fraîcheur de l'espérance. " »

Seule la culture, seuls, le Savoir et les savoirs sont les gardiens de notre liberté.

Aujourd’hui, les lignes de fractures que je lis encore dans les unes des médias entre la gauche, la droite et leurs déclinaisons sont inopérantes, futiles et artificielles. Nous faisons comme si le monde ne changeait pas à grande vitesse sous nos yeux.
Nous faisons comme si les oppositions d’hier existaient encore, entre une gauche tenante de la bien pensance, face à une droite réactionnaire, auxquelles se superposeraient encore une extrême droite fasciste et une gauche radicale stalinienne.

Cela me semble si dérisoire en ce matin du 4 septembre.
Le 4 septembre 1870, les parisiens proclament la III République...
Le 4 septembre 1970, Salvador Allende est élu Président du Chili...

L’affrontement des idées, des valeurs, des opinions, n’a de sens que si nous sommes des citoyennes et des citoyens qui pouvons nous exprimer dans un cadre démocratique.

Existe-t-il encore vraiment ce débat d’opinions qui fabrique et édifie au quotidien une démocratie ?
Pouvons-nous encore simplement définir ce qu’est une démocratie tant l’absurde semble dominer notre quotidien ?

22 Août 2020, un employé du Carrefour Market de Breil sur Roya, au cœur des montagnes alpines, est menotté par la gendarmes pour mal porté son masque…
https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/breil-roya-salarie-interpelle-son-lieu-travail-cause-masque-mal-porte-1865116.html

Nous sommes abasourdis par cette distorsion rapide et subite de notre réalité quotidienne.
Que faire ?

Nous protestons sur les réseaux sociaux. Des femmes et des hommes peuvent encore dénoncer les dérives, devenues des réalités extravagantes, déraisonnables, inconséquentes, dans des journaux, des blogs, des entretiens.

Mais nous devons bien reconnaître que l’immense majorité de nos médias et de nos politiques semblent marcher dans ces nouvelles logiques, sans les remettre en question, sans en démonter les mécanismes.

La parole de la raison ne suffit plus.
L’appel au pouvoir de la Justice, obéissante par effet mécanique aux nouvelles lois et normes, édictés par un pouvoir exécutif et législatif, est-elle encore un recours, une possibilité ?
La désertion de presque tous les partis politiques et syndicats dans une réflexion, des doutes, des interrogations, qui devraient être salutaires, est visible chaque jour un peu plus.

Nous voudrions attendre un sursaut, une sorte de miracle, où nous espérons qu’un leader, un groupe, fournira une réponse, des possibles auxquels nous pourrons nous rallier.
Nous ne pouvons, nous n’osons imaginer, que seule, un nouvel affrontement, qui deviendra nécessairement physique, serait l’unique solution. La parole, les mécanismes de nos institutions, des médias, de la politique, de l’économie, bref notre quotidien, tout cela ne suffirait plus.

La résistance est le mot qui me vient à l’esprit.
Une résistance qui deviendrait physique donc nécessairement ouvrant à des violences, des affrontements.
Qui peut oser formuler cela ?
On évoque comme pour en conjurer le sort les termes de guerre civile si la situation ne change pas.
Mais c’est une formulation rhétorique plus qu’une réalité que nous envisageons avec certitude.

Il reste bien évidemment de grandes possibilités d’exercer sa citoyenneté et de résister avant celle de recourir aux armes et à une violence qui serait nécessairement destructrice.

La première, qui, certes, relève de mécanismes longs, est celle de l’éducation, de l’école.
Rien n’empêche aussi des citoyennes et citoyens adultes de poursuivre ou de revenir à la culture et de se tenir informé.

Le contexte actuel me renvoie à deux lectures que je vous propose
Le tigre dans la vitrine d’Alki Zeï et Rhinocéros d’Eugène Ionesco.
Ces deux lectures et les réflexions qu’elles entraînent me semblent salutaires en ces temps incertains.

Sous nos yeux, une mécanique implacable se met en marche. L’utilisation de la peur d’une pandémie, donc de craindre sa santé, et l’instillation du doute sont de puissants concepts pour tenir des populations entières sans avoir recours à d’autres forces.

En 2016, Natacha Polony et le Comité Orwell, publiait un ouvrage « Bienvenue dans le pire des mondes : le triomphe du soft totalitarisme » aux éditions Plon. - lien -

L’ouvrage permet de comprendre, au même titre que le documentaire Propaganda ou la fabrique du consentement, la lente dérive de notre société sur les restrictions des libertés, avec des méthodes, qui loin d’être celles des régimes totalitaires des années 1930, approchent d’une même finalité.

Sommes-nous déjà dans ce « soft » quand les forces de l’ordre interviennent dans les entreprises pour contrôler le port du masque.
A quand la loi qui va permettre ce même contrôle dans les espaces privés ?
Va-t-on venir vérifier avec qui je vis dans mon domicile privé ? Combien de personnes pou combien de m² ? Qui est dans mon lit ?

Cela semble impensable n’est-ce pas.
Il y a encore 6 mois, nous aurions considéré comme dément qu’un employé se fasse menotter pour avoir mal ajusté un masque…

Il est intéressant de jeter un coup d’oeil aux nouvelles mesures gouvernementales.
Le détail de ces mesures confinent au grotesque mais reste digne des meilleurs élèves des grands corps de l’État...
https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/protocole-national-sante-securite-en-entreprise__31_aout_2020.pdf

C’est de la folie.
La peur ou l’instillation de la peur est très mauvaise conseillère.
Nous perdons toutes notions de valeurs, de bon sens.
A quelle vitesse nous rapprochons-nous des nouvelles formes de totalitarisme ?

Si nous avons besoin de nous replonger dans l’histoire, pour comprendre le monde dans lequel nous vivons et créer une renaissance ou envisager demain, nous devons considérer cependant, que l’histoire ne se répète pas à l’identique.
Ainsi, les cris d’une extrême droite mesurant la gauche radicale à l’aune du stalinisme, ou inversement, les procès d’intention du retour d’une extrême droite fasciste sauce 1933, n’ont pas grand sens.

L’ennemi, si ennemi il y a, ne prendra pas les traits des forces nazis de la dernière guerre, des chemises noires italiennes.
Cela est plus complexe, plus sournois.
Ce n’est pas un complot au sens populiste du terme.

Il y a bien une lutte de pouvoir, des luttes d’influences, des luttes pour la puissance économique, politique et financière.

L’arme du doute alliée à la peur, dans le cadre d’une pandémie est bien plus efficace pour contenir une population.

Lorsque vous titrez une Une par « le controversé Professeur Raoult » vous introduisez le doute sur sa personne, sur les soins qu’il applique à ses patients. Vous ne prenez pas en considération qu’il n’est pas seul. Vous en faites l’unique porteur de ce traitement.

On vous prive donc de votre esprit critique, on vous empêche d’accéder à d’autres informations.

Quand fin août sort une nouvelle étude, compilant en fait une série d’études, elles même critiquables, sur la mortalité de l’hydroxychloroquine supérieure de 27 % et qu’elle a été réalisée par l’INserm.
Vous ne retenez que cela.
Allez-vous consulter l’étude ?
Vous demandez-vous quels sont les critères ?
Vous demandez-vous dans quelles conditions on peut affirmer et sortir le chiffre de 27 %
De plus votre méfiance est abaissée, car en général, nous faisons confiance à ce grand organisme public de la recherche française.

Quand quelques jours plus tard, l’étude est critiquée, remise en cause… elle n’est plus à la une des journaux.
Mais les informations de base, l’idée principale qui est de dénigrer la chloroquine, le traitement du professeur Raoult poursuivent leur route…

Cf. analyse intéressante de chercheurs italiens sur les mécanismes de la mésinformation
https://www.ledevoir.com/culture/medias/503073/a-la-chasse-aux-fausses-informations

Ce qui reste intemporel ce sont les dominations, les pouvoirs, principalement celui de l’argent, de l’intérêt en général.
Nous avons là les moteurs principaux.
Ce n’est pas du complotisme.

Les notions sont donc les mêmes, seuls les formes et les manifestations changent… sinon nous reconnaitrions immédiatement le « méchant docteur  corrompu» dans les couloirs de l’hôpital ayant touché une grosse somme d’un laboratoire pharmaceutique !

Ainsi, avant même l’organisation et la lente construction d’un pouvoir démocratique, notre seul rempart est le Savoir, la culture, la lecture pour se forger un esprit critique.

Nous savons, par comparaison, parfois par des bribes de mémoires, que nous sommes capables d’atteindre des « points d’équilibre », sans tomber dans un « c’était mieux avant ».
Nous réalisons après les faits, par l’étude de l’histoire ou de la situation vécue, que la période précédente nous apparaît comme plus positive.

N’avons-nous pas nommer la période précédent la Première Guerre Mondiale, la Belle Epoque.
Bien que cette époque ne soit pas exempte de difficultés sociales, politiques ou économiques, elle apparaît nécessairement plus agréable que l’enfer des tranchées de 14-18 et le million et demi de jeunes hommes morts…

En avons-nous tiré les leçons ?
D’évidence non, puisque les systèmes fascistes se sont installés dans les années 1920-1930 et ont conduit les Européens à la Seconde Guerre Mondiale.

En revanche, nous avons très bien analysés les mécanismes, reliés au notion évoqués ci-dessus, celle d’un pouvoir et d’une puissance démesurée de groupes dans les domaines économiques et financiers ayant conduit à la catastrophe de 1929, appauvrissant les peuples et les jetant dans les bras d’autres personnages, tout aussi avides de pouvoir et de puissances, les dictateurs...

L’histoire ne se répète pas à l’identique, mais des situations permettent d’utiliser des mécanismes renouvelés. Il est à peu près évident qu’il n’y a peu de chances qu’un nouvel Auschwitz se développe sous nos yeux… pourtant le nombre de personnes qui nient le génocide des juifs ne cessent de progresser.
Nous refusons et avec juste raison l’idée qu’une telle période puisse advenir de nouveau, et, nous travaillons dans les écoles au devoir de mémoire, à l’étude de l’histoire pour nous en prémunir.

Pourtant, quand un pays comme la Nouvelle Zélande, qui n’a connu que 23 décès pour toute la période de pandémie, reporte les élections législatives et entretien la peur, que devons-nous penser de la coercition exagérée du pouvoir politique ?


Alors, je doute et je doute sérieusement de plus en plus.
Jour après jour, dérapage après dérapage, contrôle après contrôle, il apparaît que nous prenons une direction de plus en plus dangereuse, de moins en moins fondée sur la raison et dans l’intérêt de la santé des populations.

Quelle sera l’étape suivante dans le contrôle de nos vies privées sous le prétexte de nous protéger ?

Nous ne sommes pas dans un mauvais film de sciences fictions, mais dans une réalité quotidienne, avec des mesures bien réelles, des contrôles tout aussi réels, une impossibilité de nous déplacer, de vivre librement.

Nécessairement, nous voulons comprendre, donner du sens à ce qui nous arrive.
Nous souhaitons identifier les méchants, comprendre ce qui nous arrive.
Des origines jusqu’à une conclusion encore hypothétique notre recherchons la cohérence de tous ces évènements.

Dans une grande production hollywoodienne, le bon, qui sauvera l’humanité, arrive toujours à vaincre le ou les méchants et le bien triomphe toujours du mal.

Qui sont les méchants aujourd’hui ?
Les Etats, les politiques, les « puissants » de ce monde ? Les riches ?

Les vieux démons peuvent toujours revenir.

L’intérêt, en général, le pouvoir de l’argent, la puissance économique alliée au pouvoir du politique et aux vieux sermons du religieux restent des recettes toujours valables.
Depuis de longues décennies nous assistons à une lente mais sure dérive des inégalités sociales, à une déculturation des populations, à un appauvrissement des grandes institutions au service des populations, à une dégradation de la transmission des savoirs dans les écoles.

Un nouvel obscurantisme s’installe.

L’intérêt et le pouvoir accumulé par quelques uns ne se combat pas en lui substituant une nouvelle autorité, une force brutale, type armée, qui nous conduirait assurément à une dictature de fait.

https://blogs.mediapart.fr/candice-vacle/blog/160819/le-pouvoir-secret-du-groupe-bilderberg-0

https://www.zinfos974.com/Journaliste-plus-vieux-metier-du-monde_a11444.html

Non, je me répète encore et encore, c’est ma vocation de professeur, de passeur de savoirs et de culture. Seule la culture est émancipatrice, seule l’école est émancipatrice.

Ces mots ne se veulent pas alarmistes, mais réalistes.

Nous devons, chacune et chacun, à notre manière accomplir notre part de citoyenneté.

Des mots et encore des mots me direz-vous.
Des actes, des actes forts, de l’ordre, me rétorquerons d’autres.

Il nous est toujours possible de dire non.
Il n’est jamais trop tard, contraint ou volontairement , nous avons cette notion de juste et d’injuste, et cela depuis notre plus tendre enfance.
Puis progressivement nous avons acquis une conscience, une capacité à réfléchir, pour vivre ensemble, toutes et tous ensembles.

Tout est là, bien présent en nous.
Secouons nos nonchalances, notre agréable paresse.
Nous devons faire quelques efforts pour retrouver et préserver ce que nous chérissons, la liberté.

En cette journée du 4 septembre, 150 éme anniversaire de la République.

Gilles Portaz

PS – Rapide analyse du discours d’Emmanuel Macron au Panthéon.

 
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